- quant-à-soi
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• 1780; a remplacé quant-à-moiXVIIe (cf. la loc. faire le quant à moy « faire le fier » 1585); de quant à et soi♦ Réserve un peu fière d'une personne qui garde pour soi ses sentiments, tient à son indépendance et à son droit d'être elle-même. « Le quant-à-soi farouche d'un cœur qui ne se livre plus » (Suarès). « La société décente, où chacun sait tenir son quant-à-soi » (Musset). Loc. Rester sur son quant-à-soi : garder ses distances.quant-à-soin. m. inv. Rester sur son quant-à-soi: garder ses distances.⇒QUANT(-)À(-)SOI, (QUANT À SOI, QUANT-À-SOI)subst. masc. inv.Attitude réservée, domaine personnel intime que chaque personne désire préserver (notamment pensée intime, sentiments). Synon. réserve. Tenir son, se tenir/se mettre sur son quant(-)à(-)soi. Nous avons parlé de trop de choses intimes, sous les sapins du Jura, pour revenir à la sécheresse du quant-à-soi vigilant (AMIEL, Journal, 1866, p. 439). Mais, à mesure que la convalescence approcha, et que la lucidité revint entière, je le vis, en quelque sorte, mettre de la distance entre nous. Peu à peu, il reprit son quant à soi, sa réserve (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 261). En dispensant de ressentir et même de concevoir directement les réalités que l'on affronte, la civilisation de l'image élimine bien le contrôle personnel et le quant-à-soi de l'individu (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 60).♦ Garder son quant(-)à(-)soi, rester dans/sur son quant-à-soi. Garder ses distances. Rester dans son « quant-à-soi » et tromper le désir qu'elle avait fait naître (...) lui eût semblé une (...) lâche abdication devant la vie (PROUST, Swann, 1913, p. 192).REM. Quant-à-moi, var., p. plaisant., vx, littér. Tenir son quant-à-moi (Ac.). Elle demeure dans son froid, sans s'émouvoir de rien; elle vous tient son quant-à-moi (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 166).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694-1762: quant à moi; dep. 1798: quant-à-moi, quant-à-soi. LITTRÉ, Lar. Lang. fr., ROB. 1985: quant-à-soi (,,La langue classique employait dans le même sens quant-à-moi``). Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. Mots comp. 1981, p. 288: quant à soi, inv. Étymol. et Hist. 1780 (Mme DE GENLIS, Théâtre d'éducation, La Lingère, I, 7 ds LITTRÉ); 1798 se tenir sur son quant-à-soi (Ac.). Comp. de quant à et soi. On rencontre au XVIe s. la loc. quant-à-moi, prise subst. faire le quant à moy « faire le fier » (1585, DU FAIL, Eutrapel, 8 ds HUG.). Fréq. abs. littér.:30. Bbg. POHL (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 300.
quant-à-soi [kɑ̃taswa] n. m. invar.ÉTYM. 1798; quant-à-moi, 1585; de quant, à, et soi.❖♦ Les sentiments que l'on garde pour soi et que l'on prétend ne pas laisser influencer, modifier; la circonspection, la réserve un peu fière de celui qui garde de tels sentiments. || Chacun, tout en revendiquant son quant-à-soi, estime devoir s'encadrer dans la communauté (→ Civisme, cit.). || Tenir son quant-à-soi (→ Décent, cit. 2). || Le quant-à-soi farouche d'un cœur… qui ne se livre plus (→ 1. Gens, cit. 24). ☑ Rester, se mettre sur son quant-à-soi : garder ses distances (cf. A. Hermant, l'Aube ardente, XIII, p. 186; Lacretelle, Silbermann, p. 75).1 Les servantes de la maison ne l'appelaient que mademoiselle Marguerite, car elle avait un certain quant-à-soi. Du reste, comme disent les bonnes gens, elle était sage comme une image.A. de Musset, Nouvelles, « Margot », II.2 Mais les oncles et tantes, assis sur leur quant-à-soi, sûrs et satisfaits d'eux-mêmes et persuadés qu'ils n'y sont pour rien, je les crache. Moi qui vous cause, je me sens coupable.Benoîte et Flora Groult, Journal à quatre mains, p. 60.
Encyclopédie Universelle. 2012.